Bitcoin: numériser la confiance

Depuis l’annonce du FOCUS20 – Et si on vous offrait de payer en Bitcoins? le 26 mars prochain, c’est fou comment nos contacts se plaisent à nous partager des articles soulignant l’instabilité de la valeur du Bitcoin, les problèmes et la fermeture d’un des principaux serveurs MtGox* ainsi que les messages d’avertissements de différentes autorités gouvernementales et institutionnelles.

Comme l’ignorance stimule la peur, qu’en est-il au juste?

* La dernière question du chroniqueur révèle sa compréhension limitée du fonctionnement des systèmes financiers au niveau mondial et des risques croissants des monnaies fiduciaires.

Contextualiser pour analyser objectivement

En préparation à cet événement, Louis-Martin Michaud m’a suggéré ce livre intéressant: You don’t need a banker to get credit (Robert Paterson)

Même si le livre ne traite pas des cryptomonnaies (Bitcoin) , il précise qu’historiquement, le financement des entreprises se développait en réseau de confiance.  L’utilisation d’un grand livre comptable (“ledger”)  était également plus transparente et près des gens.  Il fait également un parallèle intéressant entre le développement agricole et financier.

Malheureusement, le système financier mis en place progressivement et contrôlé par une minorité a perdu le focus sur les gens avec le temps et a créé un contexte propice à la corruption (Enron  Hedge Fund).

Cette culture favorise le développement de paradis fiscaux maximisant la richesse individuelle au détriment des collectivités qui ont investit (subventions, infrastructures, ressources, systèmes, RH, …) pour la générer.

Il souligne que l’émergence des plateformes de crowdsourcing comme Kickstarter et Indiegogo et un signe du retour à l’établissement de réseaux de confiance et une tendance qui ramènera les gens en contrôle de leur développement.

Qu’en est-il des Bitcoins?

“Bitcoin résout en particulier le problème crucial du modèle de confiance : les serveurs « honnêtes » votent avec leur puissance de calcul pour déterminer la chaîne de transaction légitime (portant la plus grande preuve de calcul). “ (Extrait de wikipedia)

Tiens, tiens, l’émergence des Bitcoins a été stimulé par l’établissement d’un réseau de confiance.    De plus, le système est géré par un grand livre comptable (“ledger”) transparent et mise-à-jour numériquement sur l’ensemble du réseau.

Les risques de corruption s’accroissent lorsqu’il y a un intermédiaire qui cherche à profiter du flux et à concentrer une partie de la richesse en circulation pour lui-même.

L’effondrement de Bitcoins?

Le plus important serveur de Bitcoins a récemment demandé la protection de la loi japonaise sur les faillites. Il n’en fallait pas plus pour que plusieurs annoncent la mort des Bitcoins.  Qu’en est-il vraiment?

Ce problème malheureux pour plusieurs investisseurs n’a eu qu’un impact mitigé sur Bistamp.  Il faut savoir qu’il existe plusieurs serveurs de transactions des Bitcoins ou autres cryptomonnaies.

La faillite de Mt. Gox a un air de déjà vu. Ce n’est pas parce qu’une banque de réputation mondiale comme Lehman Brothers a disparu suite aux comportements douteux de ses dirigeants que tout le système financier s’est écroulé.

De l’enfance à l’adolescence

La cryptomonnaie est rapidement passée de l’enfance à l’adolescence.  Tous les parents le savent, l’adolescence n’est jamais un chemin en ligne droite.

Il n’y a rien qui est 100% sans risque.  Ni votre ordinateur, ni votre banque, ni nos gouvernements. Chaque opportunité génère son lot de risques.  La véritable question à se poser:  comment évaluer et gérer ce risque?

Le système bancaire actuel n’est pas à l’abri d’un effondrement conséquence de l’abus des gouvernements à imprimer des monnaies fiduciaires sans être appuyées par leur équivalent en or.

Bitcoin propice aux activités illégales?

Certains ont accusé le Bitcoin d’être un système de Ponzi?  Ben voyons donc!  Les systèmes sont programmés par les gens; pas l’inverse.  Avec quelle monnaie les Maddof,  Jones et Lacroix ont-ils érigé leur stratagème et floué des milliers d’épargnants?

Les comportements illégaux ne sont pas liés à l’unité transactionnelle utilisée, mais aux gens qui gèrent ces transactions.

Détail important, les cryptomonnaies laissent des traces et les voyous veulent les éviter.

Est-ce vraiment la faute du système?

Avec quelle monnaie le réseau de trafic de drogues et d’armes s’est-il développé mondialement?  “La banque britannique HSBC a accepté de payer le montant record de 1,92 milliard de dollars pour mettre fin à des poursuites aux États-Unis, où elle était accusée de complicité de blanchiment au profit de trafiquants, de terroristes et de l’Iran.” (Source: Le Devoir 20121212)

Est-ce que l’unité transactionnelle est en cause ou plutôt le système érigé par des gens?  Quel est le dénominateur commun? La cupidité des gens que les systèmes ne peuvent éliminer à 100%.  Naturellement, ceux qui contrôlent les flux financiers craignent l’émergence d’un système décentralisé.  C’est leur modèle d’affaires et leur contrôle qui sont en jeu.

Ces scandales contribuent à l’effritement de la confiance des gens envers le système financier actuel et, par conséquent, augmente l’intérêt de leaders à explorer des voies alternatives.  Les cryptomonnaies pourraient bien fournir une piste de solution intéressante.  N’oubliez-pas, l’émergence du Bitcoin a été motivée par la volonté d’établir un réseau de confiance robuste et fiable.

Dans l’Internet ou sur le terrain, il existe des gens qui préfèrent transiger illégalement et d’autres qui préfèrent respecter les lois.  Ce qui nous intéresse, ce sont les transactions légales avec des gens intègres.  Nous ne pouvons contrôler ce qui se passe dans l’Internet, mais nous pouvons contrôler nos décisions et avec qui nous transigeons.

Et les risques?

Naturellement, ces cryptomonnaies sont extrêmement volatiles pour le moment.  La valeur du Bitcoin a atteint un sommet autour de 1 200$ en décembre 2013 pour redescendre abruptement et osciller entre 600 US$ et 700 US$ depuis quelques temps.

Certains prétendent qu’il y a un risque qu’une seule organisation voire même un gouvernement puisse disposer d’une puissance de calcul suffisante pour décrypter le protocole et prendre le contrôle du réseau.  Nous n’avons aucune preuve ni pour confirmer, ni pour infirmer.

Si cette puissance de calcul existe, pourquoi le système financier serait-il davantage à l’abri?  Ils possèdent de meilleurs ordinateurs et de meilleurs “pare-feu”?  Il y a également un risque à faire confiance aux monnaies fiduciaires contrôlées par une minorité.  Dans les deux cas, leurs systèmes informatiques ne sont pas 100% inviolables.

Pour bien évaluer les risques, il faut en connaître tous les paramètres.  C’est exactement le but de ce billet et de notre prochain FOCUS20!

Partager, écouter et synergiser pour comprendre avant d’agir

Ce n’est pas uniquement l’émergence d’une monnaie et d’un système non-contrôlés par une minorité qui est intéressante à mieux comprendre, mais les modèles de gestion décentralisée de bases de données et les opportunités d’affaires qu’ils peuvent inspirer.  C’est ce que nous explorerons et que nous ferons expérimenter au prochain FOCUS20.

Nous n’avons pas la prétention de détenir ni d’exposer une vérité.  Nous partagerons le fruit de nos recherches, de nos expérimentations et de nos analyses depuis un moment pour stimuler et synergiser l’intelligence des participants.

Ils disposeront davantage de paramètres pour faire leur propre calcul de risques.  Nous nous intéressons également à la comptabilité de transactions légales réglées en cryptomonnaies.

Nous positionnerons l’émergence des cryptomonnaies dans le contexte plus large des échanges commerciaux internationaux, des systèmes financiers et des unités transactionnelles.

Pour mieux comprendre le système financier actuel

Si vous voulez étendre votre connaissance sur le fonctionnement et les risques des systèmes financiers actuels, je vous recommande fortement d’écouter ces vidéos.

Au plaisir d’échanger avec vous le 26 mars prochain.

Rédacteur:  Luc Gendron